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14e, vivant dans le pays de l'Aven, Rosporden, fabricant de tonneaux de la famille Hugue Haquet.
Je suis Hoël Haquet, enfin je devrais peut être dire , j'étais Hoël Haquet.
Mais quand même, Haquet, et j'ai entendu des vivants citer mon nom sur les quais de la gare just'à coté, ça place…
Je me souviens… pas de tout mais de trucs comme ça par bride, comme des fils ou des papillons qu'on capture à force de courir après.
Il y a eu ce réveil en bas du ravin près du Jet, des morceaux de tonneau partout, toute une cargaison pourtant bien arrimée.
Au début j'ai tenté de voir ce que je pouvais sauver mais je ne voyais pas grand chose dans cette purée de pois, et puis mes doigts avaient du mal, enfin … ils ne sentaient pas vraiment les choses. J'ai essuyé mes mains sur mon tablier, aussi pour me réchauffer, mais en vrai il ne faisait pas froid, ni chaud, ni, ni rien. étrange.
J'ai tourné la tête zieuté partout, ca devait faire un temps que j'étais la en fait …au fond.
Il y avait même un bout de TyYann notre cheval, juste un bout, je l'ai reconnu à la bride gravée.
J'ai crapahuté en haut,là , je me le rappelle le ciel avait dû tomber, c'était tout gris-jaune, et il n'y avait même plus d'horizon, en fait, ou alors il était maintenant à moins d'une lieue.
J'ai marché vers Elliant, croisé Fanch occupé à son murs, il faisait comme si il ne m'entendait pas, pire, quand j'ai voulu le bousculer pour le faire réagir, et bah , c'est là que j'ai compris, ma main est passée à travers. Sans le faire moufter d'un poil.
Sur que j'étais sobre, depuis la noce le mois dernier, rien.
Alors j'ai écouté, au bourg, les gens parlaient comme avec un écho dans un tonneau et ne me voyaient pas non plus. J'entendais le craye des corbeaux mais plus les gazouillis des mésanges.
Et le truc qui m'a fait encore plus peur c'est de voir notre fabrique, à moi et a mon frère Eliaz, fermée et comme vide.
J'ai erré depuis sans me fixer vraiment à un lieu, c'est le problème de mourir hors d'une habitation.
Un jour j'ai même vu Ankou, je suis sur que c'était lui , et bien il m'a ignoré !
Je lui ai causé, comme à d'autre plus très vivant, et qui me répondent, eux au moins,
lui , il m'a regardé , s'est tourné comme un grand épouvantail autour de sa faux , a regardé ses deux acolytes. Le premier qui guide la charrette a haussé les épaules. Et ils sont parti…
Bon, les jours filent étrangement maintenant. J'ai vu chouans laisser la place, la peste revenir, le chemin de fer tailler sa route en fumée, les chemins s'élargir et se noircir, les voitures sans chevaux et encore des guerres entre les gens devenus fous…
Aujourd'hui j'entends l'appel de Kerminy, ce lieu et ce personnage étrange semblent pouvoir me donner un échappatoire à ce purgatoire.
Et je me sens animé, presque ré-animé, cela fait si longtemps que je n'avais éprouvé cela.
Enfin j'espère qu'au moins j'y trouverais des réponses…