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Mara z měsíce

Mara de la lune en tcheque

Sarah

Mara

Je tentais d'aller en cette année 1802 au bagne de Brest ou mon frère était enfermé.
Il avait été capturé à Quimper et accusé de vol alors qu'il accompagnait De Barre un baron chouan. Je voyageais avec des amies, nous nous protégions les une les autres, et comme toutes nos familles n'étions plus les bienvenues depuis quelques années.
Nous évitions le plus possible les tracas de cette nouvelle république mais nous étions catalogué royaliste de cœur et devions filer sans cesse entre les mailles des gendarmes.

Je me souviens de l'accident qui m'a couté la vie, le vent hurlait, la tempête dansait tel un corps ivre gigantesque, frappant les chênes, giflant les pierres des chemins, griffant nos visages. On entendait les coups d'un pan de bois, un lourd volet, battre la chamade, marteler la ruine toute proche comme pour s'en arracher et s'envoler libre dans la tourmente, ailes noires d'un oiseau démoniaque.
Le vacarme m'assourdissait.
Puis en un instant ce fût le silence.

Je me relevais au milieu de débris de notre charrette, l'atmosphère était grises et comme empesée.
Mes mouvements semblait ralentis mais je ne sentais plus le frottement de mon châle, plus le poids de mes perles de topaze. Les sons avaient été vidés des petits échos des choses et de leur vie. Mon regard, alors que je montais sur le talus bordant le chemin, ne trouvait plus l'horizon, les alentours disparaissaient comme fondus dans le néant.
Et j'étais seule.

J'ai erré un temps avant de retrouver âme qui vives mais tout avait changé, les gens ne me considéraient plus. J'étais devenue fantôme.
Avec le temps j'ai pu distinguer d'autres pauvres être dans mon état et même communiquer avec eux.
J'ai découvert un monde de l'entre-monde, une sorte d'éther avec ses règles et ses habitants.
J'ai pu apprendre aussi les choses cachées aux vivants comme voir les fils ténus qui tissent les destins.
J'ai vu Ankou de sa faux les couper pour les renouer à sa carriole et même en laisser filer quelques un, peut être comme ceux de mon existence passée.

Aujourd'hui, j'entends l'appel des portes, comme un râle apaisant me faisant entendre une issue…

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